Le 21 février 2024, 80 ans après son exécution, le résistant Missak Manouchian entre au Panthéon avec son épouse Mélinée. Nous sommes partis à sa recherche dans les archives.
L’exécution du 21 février 1944
Missak Manouchian est mort fusillé le 21 février 1944 à la forteresse du Mont-Valérien à Suresnes avec 21 autres résistants. Le même jour, trois lycéens résistants de Saint-Brieuc sont aussi fusillés au Mont-Valérien.
L’acte de décès de Missak Manouchian est établi après un jugement retranscrit le 20 juin 1944 dans les registres d’état civil de la mairie du 14e arrondissement. Fait troublant, il est inscrit comme prénom Missaly.
L’acte précise que c’est une transcription d’un jugement rendu le 28 avril 1944 par le tribunal civil de la Seine. Il est déclaré que le 21 février 1944, à 15h22 est décédé à Suresnes, Missaly Manouchian, domicilié 11 rue des Plantes dans le 14e arrondissement de Paris. Il est né à Adamian en Asie-Mineure (Adıyaman en Turquie aujourd’hui), le 1er septembre 1906 fils de Kevork Manouchian et de Kascian Vartouki. L’acte indique aussi qu’il est tourneur outilleur et célibataire. Il est inscrit en marge de l’acte « Mort pour la France » par décision du 27 juin 1971.
Sa famille
Deux éléments de son acte de décès paraissent erronés : le nom et prénom de sa mère sont inversés. D’autres documents indiquent qu’il est fils de Vartouhi Kassian comme ceux présentés par les archives nationales. Ses parents sont morts en 1915 lors du génocide arménien. Il avait deux frères Haik et Gararabed Manouchian :
- Haik. C’est certainement lui qui apparaît dans les recensements de Paris de 1926 et 1931 avec son épouse Marie et deux enfants.
- Garabed qui meurt à l’âge de 20 ans indiqué né à Adiaman et fils de Georges Manouchian et de Marie Cassian. Il était alors menuisier et domicilié 4 rue Pineau dans le 15e arrondissement.
Il n’était pas célibataire mais marié à Mélinée Sukemian dite Assadourian. Elle aussi est née en Turquie et orpheline suite au génocide arménien. Décédée en 1989, elle est inhumée au cimetière d’Ivry mais rejoint son époux en 1994. Elle reposera désormais au Panthéon avec Missak Manouchian.
Carte du combattant de Mélinée (Source Wikipedia)
Sa sépulture
Le registre journalier du cimetière d’Ivry-sur-Seine mentionne Missak (Missek sur une feuille) Manouchian dans 2 pages différentes le 21 février 1944 ainsi que ses camarades. Sur l’une des pages, il est écrit « fusillé » dans la colonne âge.
Le 21 février 2024, il reposait donc au cimetière d’Ivry depuis 80 ans avant de rejoindre le Panthéon avec Mélinée.
Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement (Extrait de la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée)