Le choix du prénom était autrefois très codifié, en fonction des parrains, marraines et de la région. Il est aujourd'hui lié à des phénomènes de mode très éphémères et peut même permettre de retrouver le milieu social des parents ou l'année de naissance de l'enfant.

Autrefois : le poids de la tradition

À partir du XVe siècle, dans une population à 99 % catholique, l'usage d'un prénom chrétien ou reconnu par l'Église tend à devenir systématique. En général, un seul prénom est donné à chaque nouveau-né. Pour les aînés, ce prénom est presque toujours celui du père ou de la mère, pour les suivants celui du parrain ou de la marraine... ce qui peut donner lieu à des répétitions surprenantes de nos jours, plusieurs frères ou plusieurs sœurs répondant au même prénom ! Ou bien en cas de remariage, l'aîné de chaque lit portant le même prénom.

Plusieurs conséquences : il n'existe pas de prénoms “à la mode” car on donne à la nouvelle génération les prénoms de l'ancienne

Le choix est vite limité. Sous l'Ancien Régime, c'est ainsi souvent les deux tiers des garçons d'un village qui se partagent quatre ou cinq prénoms, les deux tiers des filles trois ou quatre. Jean, Pierre, Jeanne et, à partir du XVIe siècle, Marie se retrouvent partout. S'y ajoutent quelques prénoms locaux comme Léonard en Limousin, Vivant en Bourgogne, Yves en Bretagne, etc., une caractéristique intéressante pour retrouver l’origine géographique d’un ancêtre au prénom rare.

L'apparition d'un second prénom au XIXe siècle

Ces traditions subsisteront fortement jusqu'à la Première Guerre mondiale. La Révolution exhume les anciens noms latins (Brutus, César...) et en crée d'autres (Églantine, Marceau, Fraternité...) mais sans succès durable.
Une nouveauté, apparue au XVIIe siècle dans les familles citadines aisées mais qui ne se développe réellement qu'à partir de 1840, est le choix personnel par les parents d'un deuxième ou d'un troisième prénom pour l'enfant. Progressivement s'enclenche un processus de renouvellement, l'enfant devenu adulte utilisant souvent le dernier et non pas le premier prénom de son état civil.

Aujourd'hui : de nouveaux prénoms à foison

Le XXe siècle marque la fin du modèle traditionnel au profit d'un choix beaucoup plus grand mais avec des temps d'attribution de plus en plus courts. La mode, l'influence des médias et des personnalités en vue joue pleinement. Une conséquence : au lieu d'être intemporels, les prénoms permettent de déterminer aussi bien l'âge que la catégorie sociale de leurs porteurs.
Beaucoup de prénoms apparus après la Seconde Guerre mondiale sont des prénoms que l'on ne retrouve quasiment pas dans le passé, ce qui n'empêche pas les prénoms traditionnels disparus de “renaître” pour une courte période de gloire.
Quant au lien entre choix des prénoms et catégorie socio-professionnelle, il existe maintenant et appelle trois remarques :

  • les cadres lancent les prénoms nouveaux avec quelques années d'avance sur les autres catégories. Ce sont aussi ceux qui utilisent le plus les prénoms classiques (comme par ailleurs les Parisiens) ;
  • les agriculteurs, moins sensibles à la mode, adoptent les nouveaux prénoms avec retard ;
  • les ouvriers et employés sont ceux qui choisissent le plus fréquemment les prénoms anglo-saxons diffusés par les feuilletons et qui constituent maintenant une part croissante des prénoms donnés aux nouveau-nés.