À partir de 1792, l’état civil devient “laïque et obligatoire pour tous”. Avant 1792 en revanche, comme les principaux documents disponibles sont les registres de catholicité, les recherches sur les familles juives sont bien difficiles à établir.
Un peu d’histoire...
La présence des juifs en France remonte à l’époque gallo-romaine, mais le Moyen Age fut pour eux une longue période de persécutions. Plusieurs fois expulsés puis réadmis, ils furent plus de 100 000 à quitter le territoire lorsque l’Edit de bannissement fut finalement promulgué par Charles VI en 1394. Comme ce texte ne concernait que la couronne de France, beaucoup de régions rattachées tardivement n’étaient pas concernées (Alsace, Lorraine, Bourgogne, Provence...).
L’Edit de bannissement ne fut jamais révoqué, mais progressivement un certain nombre de familles juives s’établirent dans le royaume. On les trouvait réparties sur quatre régions, appelées “les quatre nations”.
En 1789, on comptait dans ces quatre régions près de 40 000 juifs (pour 25 millions d’habitants sur l’ensemble du pays) :
- l’Alsace (20 000 juifs ashkénazes)
- la Lorraine (8 000 juifs ashkénazes)
- le Sud-Ouest (5 000 juifs marranes, souvent venus d’Espagne ou du Portugal dont ils avaient été chassés, et qui bénéficièrent en Guyenne et Gascogne de statuts privilégiés)
- le Contat venaissin, cédé au Saint-Siège en 1274 et rattaché à la France en 1791 (2 500 “juifs du pape” vivant dans des ghettos à Avignon, Carpentras, Cavaillon et l’Isle-sur-Sorgue).
D’autres familles originaires de ces régions ou de l’étranger vivaient aussi à Paris et à Rouen.
Les familles juives conservèrent toujours leur liberté de culte, contrairement aux protestants.
Mais elles étaient dépourvues de tout statut : impossibilité pour eux de posséder une terre, d’exercer l’agriculture, la justice ou la médecine.
De la Révolution à nos jours
En 1790, Louis XVI reconnaît les juifs comme Français. En 1791, ils deviennent citoyens à part entière, avec le droit de quitter librement les régions où ils avaient été cantonnés jusqu’alors.
La mobilité des familles juives au XIXe siècle peut rendre la recherche plus compliquée que pour d’autres familles du fait de la perte fréquente des traditions orales et des souvenirs familiaux. Par ailleurs, la communauté s’est radicalement transformée avec l’arrivée massive de juifs de l’Est, chassés par les pogroms.
Après la Seconde Guerre mondiale, le rapatriement des juifs d’Afrique du Nord modifie à nouveau la physionomie de la communauté juive en France.
Comme l’Algérie fut longtemps un département français, on peut remonter des filiations jusqu’au XIXe siècle. En revanche, pour le Maroc ou la Tunisie, la tâche est très difficile. Dans tous les cas, il est impossible d’aller au-delà de 1800.
Pour les juifs venus de l’Est, l’établissement d’une généalogie relève encore aujourd’hui, malgré la disparition de l’URSS, de la mission impossible.
Des noms variables
Sous l’Ancien Régime, les familles juives n’avaient pas toujours de noms fixes. Le décret de Bayonne, signé par Napoléon en 1808, les oblige à choisir des prénoms et des patronymes fixes. Les registres d’application sont intéressants pour le généalogiste car ils indiquent les filiations des signataires, ainsi que des éléments d’état civil et de profession. Ces documents sont conservés par les archives départementales.