De la Révocation de l’Edit de Nantes à 1787 (Edit de tolérance), les registres pastoraux protestants n’ont pas toujours été établis ou conservés. D’autres pistes, fort nombreuses, énumérées ci-dessous, peuvent heureusement être utilisées pour suppléer à ces lacunes.
Les fonds notariés
La Révocation de l’Edit de Nantes oblige les protestants à devenir catholiques, et leur attache l’étiquette de “nouveaux convertis”. Mais s’ils ne se convertissaient pas ou retombaient dans l’hérésie, ils pouvaient être condamnés. Même une fois mort, on pouvait condamner le cadavre : leurs corps devaient être traînés sur une claie et jetés à la voirie, leurs biens étaient confisqués.
Pour l’éviter, les décès n’étaient pas déclarés par les familles. Ou bien elles affirmaient que la mort avait été si subite qu’on n’avait pas eu le temps d’appeler un prêtre, ce que l’on faisait enregistrer devant notaire. On trouve ainsi dans les minutiers des régions protestantes quantité de déclarations de décès, ainsi que des testaments (ils ne comportent alors ni de croix ni de formules latines et recommandent aux héritiers une inhumation “à l’endroit où ils le trouveront à propos”, c’est-à-dire en clair : ailleurs que dans un cimetière catholique). Dans les deux ou trois ans précédant la Révocation, de nombreuses ventes fictives ont été enregistrées devant notaire pour éviter la confiscation des biens.
Les états de fugitifs
Les archives départementales ou nationales détiennent des listes de fugitifs avec des états récapitulatifs de leurs biens, mais aussi des procès-verbaux de capture quand les fugitifs ont été retrouvés.
Le retour au protestantisme
En cas de retour au protestantisme sur le lit de mort, une procédure est intentée au cadavre. Les fonds judiciaires des archives départementales sont riches en documents de ce genre.
On y trouve aussi des états d’arrestation, de condamnation aux galères, ou d’amendes pour assemblées illégales.
Les listes d’enfants de nouveaux convertis
Les enfants des anciens protestants sont encore plus étroitement surveillés. On s’assure qu’ils suivent bien l’enseignement catholique à travers des certificats de présence et l’on en dresse des états, y compris des enfants de pasteurs (les pasteurs ont été chassés du royaume mais sans avoir le droit d’emmener avec eux leurs enfants).
On les rebaptise souvent et des certificats de baptême peuvent être trouvés en archives.
Les états de prisonniers
Les protestants peuvent être arrêtés pour avoir tenté de fuir à l’étranger ou pour avoir assisté à des assemblées du Désert. Des états des prisonniers protestants peuvent être trouvés en départements, à la Bibliothèque nationale, aux archives nationales ou archives militaires de Vincennes.
Les abjurations
Elles se trouvent ou bien dans les registres de catholicité ou bien dans des répertoires spécialisés, conservés aux archives départementales.
Ces abjurations peuvent être individuelles ou massives : sous la pression des dragonnades, c’est souvent un village entier qui abjure. Cela peut alors être enregistré par le notaire du lieu.
Les listes de nouveaux convertis
Après l’abjuration, les nouveaux convertis sont régulièrement recensés. Des listes nominatives sont conservées aux archives départementales ou à la Bibliothèque nationale.